GESTION FORESTIÈRE DE L’ARBRE À LA POUTRE

Bourg-des-Comptes (35)

 

La forêt de la Chalouzais a les allures d’un petit bois quand on l’a regarde du haut d’une carte. Elle longe une rivière du même nom sur son versant nord. En remontant la pente, par ses premières terrasses, on s’arrête devant une allée de hêtres. Tentaculaires, déformés par le temps. Au printemps, se dresse à leurs pieds, un tapis de sceaux de salmon, d’anémones et de jacinthes des bois.

 

Juste au-dessus, c’est une zone qu’on appelle la sauvage. Ici les châtaigniers sont dépérissants, atteints de la maladie de l’encre qui progresse en rond. Elle s’attaque aux racines et aux collets des arbres. Ils se déchaussent, tombent les uns sur les autres et laissent une drôle d’impression succincte de paysage dévasté. Quelques pas plus haut pourtant, leurs pairs se portent à merveille, s’élançant fièrement, tendus, droits vers le ciel. Sur le plateau, c’est une futaie régulière de chênes sessiles et pédonculés d’une soixante d’années. Ils sont mélangés avec quelques châtaigniers, quelques pins ; des poiriers sauvages et des alisiers, du fragon et du houx forment le sous-étage. Une communauté gallo-romaine avait décidé d’établir ici son campement. En contre haut et à proximité d’un point d’eau, la situation a du sembler opportune. Une large douve circulaire a été creusée pour protéger le camp. Elle a traversé les siècles. Plus loin, on marche à travers une futaie irrégulière, où les générations d’arbres et les essences se mélangent, où la circonférence des vieux arbres donne un frisson, puis à travers une pinède, puis une clairière de fougères et de bouleaux qui offrent une sève délicieuse, puis un taillis de châtaigniers, dont les cépées s’épuisent d’avoir tant offert à l’homme, puis de toutes petites plantations de douglas, des alignements de hêtres, encore, d’une meriseraie… Ce n’est donc pas un petit bois, c’est un paysage immense.

 

 

Depuis le 11 décembre 2019, je suis propriétaire de cette forêt de 7ha ainsi que de trois autres parcelles boisées situées sur l’autre versant de la Chalouzais. C’est l’aboutissement de plusieurs mois de recherches et de formation, c’est un lien tangible entre mon métier de paysagiste et un ancrage sur un territoire.

 

J’y travaille avec Boris Marquet qui m’accompagne dans la mise en oeuvre de ce projet. Le dessein est de mener une gestion en sylviculture douce et de convertir progressivement l’ensemble des parcelles en futaies irrégulières pour prélever du bois à mesure de l’accroissement de la forêt. Nous bûcheronnons nous-même pour mesurer l’impact de notre prélèvement et jardiner la forêt. Nous souhaitons ainsi oeuvrer, très modestement mais durablement, pour la production de bois dans un des dix départements les moins boisés de France en imaginant pouvoir bientôt répondre à des demandes sur mesure.

 

Le dessein est aussi de se regrouper avec d’autres sylviculteurs, artisans, architectes, artistes pour travailler en filière courte ; d’ouvrir et de partager le plus largement possible la réflexion pour que des initiatives collectives puissent prendre vie dans cette forêt.

 

 

Pour plus d’informations ou être tenu en informé de l’avancement de ce projet, des journées de formation, de chantiers collectifs ou des rencontres organisés sur place, écrivez à cette adresse : mullerlea@gmail.com.

 

Article lié : Formation de l’arbre à la poutre, à Montjoie-en-Courserans, avec le Réseau pour les Alternatives Forestières